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Le berceau vide : une lecture systémique de l’infertilité

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Dans un monde où la technique semble pouvoir tout réparer — un rein, un cœur, un utérus — la fertilité reste l’un des derniers mystères de la vie. 

Mystère biologique, mais aussi mystère psychique, transgénérationnel, et systémique.

Aujourd’hui, 1 couple sur 10 reste infertile après deux ans de tentatives.

Et 25 % des infertilités sont dites “inexpliquées” par la médecine.

Face à cela, la réponse dominante est technologique : FIV, donneurs anonymes, vitrification des ovocytes, GPA… Une industrie florissante s’est développée autour de la reproduction humaine.

Mais que se passe-t-il dans les systèmes familiaux et sociaux quand la vie ne vient pas ?

Et surtout : que nous dit ce vide ?


Un thème que les praticiens ne pourront plus éviter

Que vous soyez coach, thérapeute, constellateur, kinésiologue, praticien en santé intégrative ou accompagnant en périnatalité : vous serez, tôt ou tard, confronté à des femmes, des hommes, des couples, des lignées entières marquées par l’impossibilité de transmettre la vie.

Et cette impossibilité n’est pas toujours d’ordre biologique.

Elle est parfois liée :


  • à un deuil non fait (IVG, fausse couche, mort périnatale) ;

  • à des loyautés transgénérationnelles invisibles (enfants non reconnus, exclusions, incestes) ;

  • à un rejet inconscient du parent du même sexe ;

  • à la présence d’un enfant fantôme dans le système ;

  • à une tentative d’expier une faute du système en ne transmettant plus rien.


Les 4 paradoxes de l’infertilité, selon Lidia Stankiewicz

Dans “La femme infertile n’existe pas !” (2023, Opportunéditions), l’autrice met en lumière 4 paradoxes :


  1. L’infertilité n’est pas une maladie, mais est traitée comme telle par la plupart des professionnels ;

  2. Les figures publiques qui enfantent après 40 ans entretiennent un mythe dangereux d’omnipotence reproductive ;

  3. Les nouveaux modèles familiaux (PMA, GPA, maternité solo) s’appuient souvent sur un discours de droits individuels… au détriment de l’enfant ;

  4. L’idée qu’un embryon implanté donne forcément un enfant vivant repose sur une vision strictement mécanique du corps.


Mais si la vie ne se laisse pas commander ?

Et si l’infertilité était une forme de langage du système, une tentative de réparation invisible ?

Ce que révèle la lecture systémique

En constellation, il est possible de représenter la fertilité elle-même.

Elle apparaît souvent comme une force impersonnelle, sans émotion, au service du vivant.

Elle n’appartient ni aux femmes ni aux hommes, mais se manifeste là où la vie est honorée.

Quand une personne (ou un système) se détourne de cette force — par rejet, exclusion ou toute-puissance — la fertilité se retire.

Et c’est là que les lois systémiques deviennent éclairantes :


  • Loi d’appartenance : toute personne ayant contribué à la transmission de la vie (même un donneur anonyme) a une place.

  • Loi d’ordre : vouloir contrôler la vie (ou en faire un produit) nous place en position de toute-puissance, déséquilibrant le système.

  • Loi d’équilibre : quand un donneur est nié, une dette s’inscrit dans le champ et sera portée, tôt ou tard, par un descendant.


L’objectification de l’être humain : le nœud central

À mes yeux, la racine de la crise de fertilité est là : dans l’objectification croissante de l’humain.

Aujourd’hui, l’enfant n’est plus toujours un cadeau de la vie, mais devient un produit de la volonté, voire du marché :


  • On achète des ovocytes.

  • On loue des utérus.

  • On choisit le sexe, la couleur des yeux, les caractéristiques génétiques.

  • On commande un enfant comme on remplit un panier Amazon.


Ce glissement du vivant au programmable, de la relation à la production, a un coût invisible : il coupe l’humain de l’ordre naturel du vivant.

Et ce n’est pas sans répercussions.

Dans le champ des Constellations, cela crée des systèmes éclatésdes enfants en quête de figures absentesdes descendants en charge de dettes qui ne leur appartiennent pas.


Une société sans pères ?

Le père — au sens symbolique et systémique — est souvent le grand oublié des systèmes liés à la PMA ou à la GPA.

Mais en Constellation, toute exclusion appelle une réintégration.

Quand un père est nié (par choix idéologique ou par technique médicale), quelqu’un dans le système va porter la tâche de le rappeler.

Parfois sous forme de blocages.

Parfois par une souffrance sans nom.

Parfois par un enfant qui n’arrive pas à venir.

Pour une posture lucide et responsable de l’accompagnant

Accompagner ces situations demande une posture spécifique :

ni moraliste, ni technicienne, ni militante.

Il s’agit de :


  • Créer un espace de représentation et de vérité ;

  • Honorer la vie — même là où elle ne vient pas ;

  • Inclure ce qui a été exclu, sans jugement ;

  • Redonner à la fertilité sa dimension sacrée, relationnelle, systémique.


Et vous ?


  • Avez-vous déjà accompagné des femmes ou des hommes confrontés à ce vide ?

  • Qu’avez-vous observé dans vos accompagnements ?

  • Quelles résonances ce sujet éveille-t-il en vous ?


Je vous invite à partager en commentaire — ou en message privé.

Orianne Corman

Facilitatrice en Constellations systémiques & formatrice

Fondatrice de Pax Academy | Auteure | Exploratrice du transgénérationnel

 
 
 

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