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Corruption : une racine invisible dans nos familles

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Quand on parle de corruption, on pense aux affaires politico-financières, aux pots-de-vin, aux collusions de pouvoir. On en fait une question d’éthique publique, de gouvernance, de contrôle. Mais rarement, très rarement, on ose en chercher la racine du côté de l’intime : dans nos familles.


Mon hypothèse, issue d’une lecture systémique et nourrie par l’observation des constellations familiales, est la suivante : l’inceste constitue l’un des terreaux invisibles de la corruption endémique.


Ce que disent (et ne disent pas) les chiffres


Les estimations varient selon les enquêtes et la méthodologie.


  • En France, certaines études évoquent 1 enfant sur 5 victime d’abus sexuels au cours de son enfance ou adolescence ; d’autres avancent plutôt le chiffre d’1 sur 10.

  • Aux États-Unis, les données épidémiologiques, même contestées, parlent d’1 fille sur 3 et d’1 garçon sur 5 concernés, dans un cadre intra ou extra-familial.


Ces écarts révèlent surtout la difficulté à mesurer un phénomène massivement sous-déclaré :


  • Les enfants portent rarement plainte, par peur de perdre l’amour ou la protection de leur famille.

  • Lorsqu’ils parlent, leur parole est souvent niée : classements sans suite, injonctions à maintenir le lien avec l’abuseur, voire obligation de cohabiter avec lui.


Autrement dit : les statistiques ne traduisent pas toute l’ampleur du phénomène, mais elles signalent déjà une réalité sociale considérable.



Du silence intime à la corruption sociale



Pourquoi l’inceste favoriserait-il la corruption ?

Parce qu’il oblige l’enfant à intégrer très tôt des schémas qui ressemblent, à petite échelle, aux logiques corruptrices :


  • mentir pour éviter les conflits,

  • cacher la vérité pour protéger l’abuseur,

  • accepter des avantages ou des cadeaux en échange du silence,

  • dissimuler par loyauté familiale.


Ces mécanismes de survie, appris dans l’intime, peuvent devenir des modes relationnels durables. L’enfant devenu adulte a intériorisé que dissimulation, marchandage et silence “acheté” font partie du fonctionnement normal.


Sur le plan systémique, on pourrait dire : le silence familial prépare le terrain de la corruption collective.



Le coût sociétal : psychiatrie, addictions et perte de compassion


L’inceste ne laisse pas seulement des blessures individuelles : il produit un fardeau collectif.


  • La Ciivise estime à près de 10 milliards d’euros par an le coût des violences sexuelles sur mineurs pour la société française (santé, justice, perte de productivité).

  • Les victimes présentent un risque accru de troubles psychiatriques (dépression, bipolarité, schizophrénie, anxiété sévère). En 2021, près d’un jeune sur cinq (18–24 ans) déclarait un épisode dépressif majeur — une augmentation massive par rapport à 2017.

  • Le suicide reste la deuxième cause de mortalité chez les 15–24 ans en France, ce qui montre l’ampleur du désespoir silencieux.


À cela s’ajoute la question des comportements à risque et des addictions. Selon la littérature médicale, un enfant abusé a 4 fois plus de risques à l’âge adulte de développer des conduites addictives : alcool, drogues, mais aussi consommation chronique de psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères).


Ces “solutions chimiques” apaisent un temps la douleur mais contribuent à médicaliser le trauma plutôt qu’à le traiter en profondeur. Et à l’échelle sociale, cette massification traduit une incapacité à penser la guérison autrement que par la chimie.


Enfin, sur le plan relationnel, les mécanismes de survie de l’enfant abusé (dissociation, coupure émotionnelle) se transforment parfois en incapacité d’empathie. Cela peut conduire soit à une position de victimisation chronique, soit à des comportements instrumentaux et stratégiques. Dans les deux cas, c’est la compassion sociale qui s’amenuise.


La perte des repères


Depuis la Seconde Guerre mondiale, un certain brouillage des interdits sociaux s’est opéré :


  • Les mouvements de libération ont apporté des acquis précieux, mais aussi fragilisé certains repères intergénérationnels.

  • Le jeunisme, la volonté de certains parents d’être “copains” avec leurs enfants, et l’accès précoce à la pornographie participent à brouiller les frontières entre générations.


Quand les frontières symboliques se dissolvent, l’interdit de l’inceste — fondement anthropologique universel — perd de sa force.


Les lois systémiques de Hellinger


Bert Hellinger, fondateur des constellations familiales, a décrit trois lois universelles qui structurent les systèmes humains, comparables à la gravité.


Parmi elles, la loi de l’ordre (ou hiérarchie) :


  • Les générations ne se mélangent pas.

  • Les parents restent parents.

  • Les enfants restent enfants.


Lorsque cette loi est transgressée — par l’inceste ou par la confusion des rôles —, l’ordre sacré s’effondre. Les places s’inversent. La confusion engendre souffrances psychologiques, psychiatriques… et, à une échelle plus large, dérives sociales.


Oser regarder la racine


La corruption n’est pas seulement une affaire d’État ou d’entreprises. Elle se nourrit des dynamiques invisibles des familles.

Là où l’inceste est tu, là où les rôles sont inversés, là où le silence est acheté, une culture du mensonge et du chantage se transmet de génération en génération.


C’est pourquoi j’ai choisi de consacrer ma prochaine Masterclass à ce thème tabou : l’inceste.

Non pas pour choquer, mais pour éclairer. Pour remettre de l’ordre là où la confusion fait des ravages. Et pour rappeler que l’intégrité collective commence par l’intégrité des familles.


👉 Et vous, qu’en pensez-vous ? Voyez-vous aussi ce lien intime et dérangeant entre la corruption que nous dénonçons et les blessures que nous taisons ?




 
 
 

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