Libérer les traumas des générations passées : l’histoire de Gunther et la puissance des Constellations familiales
- Orianne Corman
- 17 avr.
- 4 min de lecture

La transmission des traumatismes et des mémoires d’abus fascine depuis plusieurs années les épigénéticien·nes. On sait aujourd’hui que certains vécus laissent une empreinte mesurable sur l’ADN. Ce que vivent nos ancêtres ne disparaît pas toujours avec eux. Ces traces biologiques, émotionnelles et psychiques peuvent se transmettre aux générations suivantes, influençant notre rapport au monde, à nous-mêmes, et à nos relations.
Cette découverte passionne particulièrement celles et ceux d’entre nous qui accompagnons depuis longtemps les individus à travers les approches psycho-transgénérationnelles. Car ce que la science commence à démontrer, nous l’avons observé – parfois depuis des décennies – dans le vécu de nos client·es, dans les dynamiques familiales qui se rejouent, dans les loyautés invisibles qui pèsent.
Mais alors… si nous portons des blessures qui ne sont pas les nôtres, peut-on s’en libérer ? Peut-on retrouver notre liberté intérieure malgré une histoire familiale douloureuse ?
Voici l’histoire de Gunther. Elle illustre à quel point les mémoires familiales non dites peuvent influencer notre présent – et combien il est possible de s’en affranchir grâce aux Constellations familiales.
Gunther, une mémoire d’abus venue du passé
Gunther participe à un stage de Constellations familiales. Dès les premiers échanges, il me confie un état intérieur étrange : il se sent “gelé”, engourdi, dans une forme de brouillard. Certaines odeurs corporelles masculines le dérangent au point de le mettre mal à l’aise.
Ce sont là des signaux clairs d’un trauma enkysté.
Lors d’un moment de parole, il évoque avec beaucoup de culpabilité des “jeux sexuels” vécus avec son frère durant leur enfance. Il sent que quelque chose cloche. Il ne comprend pas bien d’où cela vient, mais il porte une honte silencieuse et tenace.
Nous décidons d’explorer cette dynamique à travers une constellation.
Une histoire enfouie dans la mémoire du système familial
Nous plaçons d’abord les représentants de Gunther et de son frère. Étrangement, aucun conflit apparent ne se manifeste. Mais une distance, un malaise, quelque chose d’indéfinissable plane entre eux. Une sensation qu’il “manque quelqu’un”.
J’invite alors un représentant pour “la personne absente”. Très vite, Gunther évoque son grand-père paternel : un militaire de carrière, très rigide, peu expressif. Nous demandons au représentant d’incarner ce grand-père.
Le changement est immédiat.
Les autres représentants ressentent un profond malaise. Le représentant du grand-père se dit coupé de lui-même, et du monde. Une autre participante incarne “l’abus” — et ce dernier vient immédiatement se coller au grand-père, comme une ombre portée.
Quelque chose se révèle enfin.
Le système familial reconnaît alors ce que personne n’avait jamais nommé : ce grand-père avait subi un abus sexuel. Par loyauté, silence, ou honte, il n’avait jamais pu en parler. Mais son corps, et son inconscient, avaient gardé la mémoire. Et celle-ci s’était transmise à Gunther.
Restituer ce qui ne nous appartient pas
Dans la constellation, Gunther – via son représentant – peut enfin rendre cette mémoire à son grand-père. Dire : “Je te rends ce qui t’appartient.”
Le grand-père, représenté, se sent immédiatement soulagé, apaisé. Quelque chose circule de nouveau.
De son côté, Gunther ressent un relâchement dans son dos. Les tensions physiques commencent à se dissiper. Il prend alors lui-même place dans la constellation pour ancrer cette nouvelle perception : celle d’être le “petit”, dans la fratrie et dans le système, et non plus celui qui porte le trauma des anciens.
Le mouvement est profond, réparateur.
Après la constellation : des changements concrets
Le lendemain de la constellation, Gunther m’écrit.
Sa mère, avec qui il avait peu de contacts, l’a appelé cinq fois pour “prendre de ses nouvelles” – un événement totalement inédit pour lui. Et surtout, il remarque un net apaisement dans sa relation avec son père. Un lien plus fluide, plus chaleureux, semble émerger.
Dans le groupe aussi, tout a changé. Gunther paraît plus ouvert, plus présent. Il ne se sent plus incommodé par la proximité physique d’autres hommes.
Un voile s’est levé. Un fardeau a été remis à sa juste place. Et Gunther peut enfin commencer à écrire une histoire différente, à partir de qui il est vraiment.
Ce que nous enseigne cette histoire
Oui, il est possible de porter inconsciemment la mémoire d’un abus vécu par un ancêtre, surtout lorsqu’il n’a jamais pu être reconnu ou exprimé.
Oui, ces mémoires peuvent nous figer, nous rendre coupables sans comprendre pourquoi, altérer nos relations ou nos comportements.
Mais surtout :
Oui, il est possible de s’en libérer.
Les Constellations familiales offrent un cadre puissant et bienveillant pour remettre chaque chose à sa place, honorer ce qui a été vécu, sans en rester prisonnier.
Et vous ?
Peut-être vous reconnaissez-vous dans l’histoire de Gunther. Peut-être sentez-vous, vous aussi, que quelque chose vous freine, sans raison apparente. Une lourdeur, une culpabilité, une peur. Des schémas qui se répètent sans que vous puissiez les contrôler.
Il est possible que vous portiez une mémoire familiale non digérée.
🎧 Je propose des séances de Constellations de groupe en ligne, tous les 1ers lundis du mois sur Zoom, pour explorer ces dynamiques et vous aider à retrouver votre juste place.
📩 Pour en savoir plus ou vous inscrire, envoyez-moi un message à orianne.corman@gmail.com ou consultez l’agenda de mon site.
✨ Nous ne sommes pas nos blessures. Nous sommes les descendants de celles et ceux qui ont survécu… et qui, parfois, attendent que leur histoire soit enfin entendue pour que la vie circule à nouveau.
Orianne Corman
Fondatrice de la Pax Academy
Formatrice en Constellations familiales
Superviseure ESQA
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